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Photo du rédacteurJéricho

Pensées sous Covid

Bonjour, chers amis, chers Accélérateurs. Je vous écris aujourd'hui en pyjama, enfermé dans ma chambre, mon corps en plein combat avec le foutu virus qui nous gâche la vie depuis déjà deux ans.

Je devrais être en tournage dans l'Ouest canadien, mais voilà, j'ai testé positif jeudi dernier et dès le lendemain, j'étais bien malade. Aujourd'hui ça va beaucoup mieux, mais ce n'est pas encore terminé. Si tout va bien, j'irai rejoindre mon équipe lundi prochain.


Alors voilà, j'ai décidé de prendre un peu de ces longues heures de convalescence pour écrire quelques textes sur la guerre en Ukraine, sur les raisons pour lesquelles nous devrions tâcher de nous y intéresser et de ce qu'on peut faire, nous, pour promouvoir la paix et l'entente entre les humains. Je le fais aussi et surtout parce que j'ai mis d'innombrables heures de visionnement et de recherche sur le web pour bien comprendre cette horreur, comprendre d'où elle vient, ce qui la compose, et où elle s'en va. Et puisque ces heures sont déjà dépensées, je me suis dit que ce serait du gaspillage de ne pas partager le résultat de ces efforts.


Car il y a un résultat, un peu de lucidité que j'ai réussi à trouver au milieu de ce grand ballet de propagande et de cycles de nouvelles en continu. Et c'est cela que je vais vous partager dans ce texte et les suivants. Je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un général ou un ambassadeur, ou encore un diplômé de science po, mais je connais une ou deux choses sur le monde et j'ai fait mes devoirs. Je vais y aller de manière concise, et je joindrai des liens vers les sources, pour ceux qui veulent approfondir. Si vous trouvez des erreurs factuelles ou des lacunes, n'hésitez pas à me les signaler dans les commentaires.

 

EUROMAIDAN : LE DÉBUT DU DÉRAPAGE

 

Avant de parler des soulèvements populaires qui menèrent à la destitution d'un président, j'aimerais rappeler quelques faits, puisque Poutine parle de "dénazifier" l'Ukraine. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il y a effectivement eu des nationalistes ukrainiens, dans la province occidentale de Galicie autour de la ville de Lviv, qui se sont joints aux Allemands quand Hitler a lancé l'invasion de l'U.R.S.S. en 1941. Certains ont joué le rôle de police à la manière de la Gestapo et de multiples crimes ont été commis aux côtés des Allemands. Il est possible que certains jeunes néonazis impliqués lors de l'Euromaidan se soient inspirés de cette époque lointaine, voilà pourquoi j'en glisse mot. Une chose est certaine, lors des soulèvements de l'Euromaidan, les ultras nationalistes à saveur nazie qui se sont mêlés aux manifestants étaient d'abord et avant tout ultras nationalistes et anti-Moscou.


Les manifestations commencèrent lorsque le président de l'époque, un homme du Donbass, Viktor Yanukovitch, refusa soudainement de signer un accord avec l'Union européenne qui se préparait depuis un moment, ainsi qu'une loi qui permettrait la libération de la figure de proue de l'opposition: Yulia Tymoshenko. Les protestataires se mobilisèrent contre un gouvernement corrompu, le règne des oligarques et contre une volte-face face à l'Europe vécue comme une trahison. C'était un mouvement spontané et populaire, auquel se sont jointes plusieurs figures politiques de l'opposition. La réponse musclée du gouvernement ne fit que mettre le feu aux poudres et la place Maidan à Kyiv fut occupée en permanence par les manifestants.


Les camps des protestataires, sur la place, étaient gardés par des groupes d'autodéfense du Maidan, armés de bâtons et de cocktails Molotov. Je le mentionne, car c'est important de comprendre que la révolution était en marche et que les protestataires étaient prêts à se battre pour ne pas se faire déloger. Et parmi ces groupes se trouvaient bien évidemment plusieurs groupes ultras nationalistes d'extrême droite comme le Right Sector. Il y eu de multiples affrontements avec la police, le durcissement des lois anti-manifestations, la totale. Pendant ce temps dans l'ouest de l'Ukraine, vers Lviv, des manifestants occupaient certains bâtiments du gouvernement. Le tout culmina lors d'un affrontement majeur qui vit 100 manifestants être tués ainsi que 13 policiers.


Suite à cette tragédie, le président Yanukovitch et les chefs de l'opposition signèrent une entente pour créer un gouvernement intérimaire d'unité qui voterait ensuite des réformes constitutionnelles. Yanukovitch s'enfuit alors en Russie et le parlement ukrainien, en l'absence du principal intéressé, vota sa destitution.


Les gens du Donbass étaient nombreux à ne pas accepter ce vote de destitution et ce "coup" de Kyiv contre leur président, Yanukovitch. Lorsque sondés sur la révolution du Maidan, pendant les événements, les Ukrainiens de Kyiv et de l'ouest du pays supportaient le mouvement à 75% et 80% respectivement, alors que le score national se tenait autour de 50% pour et contre. Parmi les manifestants, presque 80% des gens étaient de l'ouest ou du centre du pays. L'est du pays semblait déjà ne pas vouloir suivre la parade.


Peu après, Poutine, qui suivait tout ça de très près, envahit la Crimée.

 

QUI SONT LES NAZIS DANS TOUT ÇA?

 

Bien, disons qu'au milieu de ce formidable bordel qu'est une révolution, il y avait des extrémistes de droite de part et d'autre. Du côté des pro-Euromaidan, un groupe important à mentionner, ce sont les membres du parti ultra nationaliste Svoboda, qui a joué un rôle important dans les manifestations. Ce parti anti-immigration, puissant dans l'ouest du pays, n'a reçu que 2% des voix lors des plus récentes élections (2017), mais au temps de l'Euromaidan, c'était une force importante et capable de mobiliser. Pour les membres de Svoboda, les seuls vrais Ukrainiens sont chrétiens et parlent l'Ukrainien, pas le Russe. Bref, de la bonne extrême droite identitaire comme on la connaît.


Après la destitution de Yanukovitch, ce sont des députés de Svoboda qui prirent le contrôle du gouvernement intérimaire. C'est probablement de là que provient le point de vue de Poutine comme quoi l'Euromaidan fut un hold-up du gouvernement de Kyiv par les nazis de l'ouest du pays, alignés sur l'Europe. Ce règne de l'extrême droite au parlement fut de courte durée, puisque lors des élections de mai 2014, Svoboda ne recueillit que 6 sièges, avec moins de 5% des voix.


À part Svoboda, il faut à nouveau parler de Right Sector et du Battalion Azov. Le premier groupe est une milice armée formée pendant le Maidan et le deuxième est un régiment d'ultras nationalistes formé en 2014 pour aller combattre les séparatistes pro-russes du Donbass.

 

LE DONBASS REFUSE DE SUIVRE LA PARADE

 

Comme vous commencez sûrement à comprendre, l'ouest et l'est de l'Ukraine ne sont pas vraiment sur la même longueur d'onde. Dans l'est, on parle surtout russe et on est plutôt aligné sur Moscou, tandis que dans l'ouest on parle surtout ukrainien et on est farouchement anti-Moscou. Au milieu, ben, c'est le milieu, quoi. Ça se mélange.


Lors des premières élections post-Maidan, en mai 2014, le Donbass n'a pas voulu reconnaître la validité de l'exercice démocratique et les gens ne sont pas allés voter. Puis des groupes de séparatistes pro-russes, qu'on dit financés et supportés par Poutine, autoproclamèrent la création des Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. Avec l'aide du Kremlin, ils se mirent à prendre le contrôle des chefs lieux du Donbass et leur progression fut arrêtée par l'armée ukrainienne, malgré qu'elle soit mal équipée et mal organisée.


Pour contenir ce début de guerre civile, le gouvernement de Kyiv envoya le Battalion Azov supporter l'armée contre les séparatistes. Celui-ci réussit notamment à reprendre Mariupol aux séparatistes en juin 2014, soit un mois seulement après les élections controversées. Vous voyez le portrait: depuis 2014, il y a une guerre larvée dans le Donbass qui oppose l'armée ukrainienne menée par le Bataillon Azov aux séparatistes pro-russes. En deux mots, les ultras nationalistes les plus motivés d'un côté (dont 10% à 20% sont ouvertement nazis, selon leur porte-parole Andriy Diachenko) contre les rebelles pro-russes soutenus par Moscou en face.


En terminant, j'ouvre sur cette notion qui vous fera sourciller: le Bataillon Azov fait partie intégrante de la garde nationale d'Ukraine depuis 2014 et a été le premier bataillon à profiter des armements et instructeurs fournis par les États-Unis en 2015. Le Congrès américain a essayé d'empêcher cette drôle d'association, mais le Pentagone a insisté et ce fut chose faite en 2015. Il va sans dire que les instructeurs militaires que le Canada a envoyés en Ukraine ont probablement entraîné des recrues et des officiers du Bataillon Azov.

Alors voilà, c'est tout pour aujourd'hui. La suite portera sur la guerre du Donbass, mais surtout, sur les raisons qui font de cette guerre un dossier qui nous remet en question et qui j'espère va nous donner le goût de passer à l'offensive... pour la paix!



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