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Quelle est votre identité sociale? Un sondage à venir


Je travaille sur mon scénario de mon premier court-métrage dans notre cycle de Montréal. Le personnage principal est un enfant en garde partagée - sa mère est riche et son père est pauvre. L’enfant n’a pas encore l’âge de la conscience sociale - et les deux mondes lui sont familiers. Le film est sur l’éveil de cette conscience...


Souvenez-vous comment vous avez découvert la notion du statut social, vous? Est-ce que vous aviez honte de votre famille? Ou étiez-vous en paix avec vos origines? Est-ce que vous avez vécu des expériences qui vous ont sortis de votre zone de confort, vous ont dépaysés socialement?


Personnellement, j’ai vécu deux expériences de dépaysement social et culturel. La première ne m’a pas choqué du tout, mais la deuxième ma bouleversée!

Petite, je vivais en Afrique, en Éthiopie, car mes parents y travaillaient. On visitait la famille du chauffeur local (il travaillait pour la délégation soviétique) - installée dans une hutte traditionnelle ronde faite en paille, divisée en deux parties: une pour les animaux et l'autre pour les gens. J'avais 8 ans! Je me souviens encore aujourd'hui de ce logis comme si c'était hier.


Mais je n'étais pas du tout frappée par la pauvreté. Je me disais quelque chose comme: « Ah, voici sa maison. Oh, un chaudron bleu! Cette chèvre est mignonne! On dirait qu'il pue par ici. Oh, on sort déjà, j'ai soif.» Je ne me disais pas: « Oh, ces gens-là sont pauvres », mais plutôt: « Voici ces gens. Voici leur maison. »


Les scènes dans les rues du village éthiopien où on habitait pouvaient être crues. Une vache ou un cheval malade pouvait s'effondrer de faim et mourir devant nous. On croisait la carcasse pendant des jours après, en passant en auto. Personne n'enlevait les animaux morts de la route, les oiseaux et les bêtes charognards les prenaient en charge illico. On devait en permanence enjamber des petits tas d'os ici et là en marchant.


Une femme en longue robe avec une méga charge sur sa tête pouvait s'accroupir directement sur le bord de la route passante pour faire pipi. Des enfants sales, avec des gros ventres gonflés de faim s'amusaient en traînant dans la poussière un petit crocodile mort attaché à une corde.


À l'entrée du marché, des malades déformés par la lèpre exhibaient leurs plaies spectaculaires en gémissant plus fort qu'il le fallait en espérant recevoir une petite pièce du public compatissant.

En les voyant, je me disais: « Oh, si j'attrape cette maladie, ma grand-mère (elle était médecin, c’est pour ça je pensais particulièrement à elle) à Moscou sera vraiment impressionnée ». C’est fou comment ça allait pas plus loin ma réflexion. Il n’y avait ni dégoût, ni peur, ni compassion. J’absorbais la réalité telle qu’elle se présentait à nous.


Ensuite, ma première visite en Allemagne de l'Ouest en 1990. (Juste vous rappeler que l'Union Soviétique vivait le pire moment de son économie moribonde. )


Düsseldorf. Un choc! La rue est tellement propre, brillante. Les petites maisons y sont cordées comme des belles armoires multicolores découpées en bois. Il y a des vitrines partout, des chaussures que tu peux acheter librement y sont exposées! Qu'est-ce que c'est que ça cette vitrine luxueuse, irréelle? Une... boulangerie! Une symphonie de pains et de pâtisseries! L'odeur de café frais qui en sort est divine. J'ai 16 ans. Dans ma tête: un vide perplexe. Je regarde les gens autour, tous les objets, les maisons, les autos, les cabines téléphoniques... Tout est neuf, brillant, luxueux. J'ai le vertige, je pense m'évanouir. Je perds la parole pendant quelques jours.


Comme quoi, mon cerveau a perdu la malléabilité et la résilience de mes 8 ans. Notre infériorité collective matérielle m’a tellement frappé! C’était douloureux de se rendre compte à quel point notre quotidien à Moscou était fade et crade comparativement à ce que je voyais en Europe. C’était pourtant une expérience positive contrairement au vécu en Éthiopie. Mais mon ressenti personnel était négatif! Je lance autour de moi un sondage pour explorer la question des classes sociales au Québec. Je vous reviens avec des réponses recueillies!

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5 comentários


Membro desconhecido
12 de set. de 2022

Je ne savais pas que tu avais vécu en Afrique quand tu étais enfant. Tu y es restée longtemps? Et que te disaient tes parents? Moi je me souviens d'avoir fait un voyage au Mexique en 1985, j'avais 10 ans. Ma mère m'expliquait que les travailleurs gagnaient moins de 1$ par jour, et ils devaient travailler sans relâche, très dur. Je me souviens d'avoir eu de la compassion pour eux. Je me souviens aussi des familles très pauvres qui vivaient dans des cases, à 10 enfants à dormir dans des hamacs, avec les poules et les cochons qui vivaient librement tout autours. Les femmes très souriantes portaient des robes traditionnelles d'une blancheur éclatante avec des ornements fleuris aux manches et…

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Membro desconhecido
12 de set. de 2022
Respondendo a

Ah, intéressant, ton voyage en Méxique, petite! Et la prise de conscience... Merci de nous partager ces souvenirs. Je te vois bien jouer à la pauvre! :) En Afrique, je suis restée quelques années, jusqu'à mes 8 ans quand mes parents se sont dit qu'il fallait quand même que j'aille dans une vraie l'école - je faisais l'école à la maison avec ma mère. Et alors mon frère et moi, nous sommes rentrés seuls à Moscou chez nos grands-parents. Dans l'avion, je croyais que nous faisions le voyage en naviguant sur l'océan, au final. J'avais pris les nuages pour des icebergs, le ciel pour l'eau. En pas seulement on naviguait sur la mer au lieu de voler, mais en plus,…

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suzanne.cotte
suzanne.cotte
19 de nov. de 2021

Très beau témoignage sur deux expériences marquantes de ta vie, Nastia! Tellement bien décrits, qu'on croirait être là. Et, aussi intéressantes, tes réactions sur-le-champ à chacune de ces expériences (en tenant compte de l'âge que tu avais lors de chacune des expériences).😊

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Jéricho
Jéricho
18 de nov. de 2021

Super le texte! Tu as des questions à nous soumettre, ou tu veux qu’on réagisse ici, sur la base de ton texte?

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Membro desconhecido
18 de nov. de 2021
Respondendo a

Je vais publier ici un lien vers un sondage! Ça s'en vient d'ici demain!

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